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Cameroun : nouvelle vie pour les crevettes

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Cameroun : nouvelle vie pour les crevettes

André NAOUSSI
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Par André Naoussi, à Douala (Cameroun) 28/12/2021

La FAO vole au secours de la filière ‘’crevettes’’, à travers le projet ‘’Fish4Acp’’ de cinq ans, financé par l’Union européenne et la coopération allemande.

Rio Dos…Cameroun. Ce serait un pléonasme, le nom du pays étant étroitement lié au mot portugais ‘’camaroès’’. Lorsque la conférence des ministres ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) a dénoncé la part congrue réservée au secteur de la pêche, et lancé un appel à propositions (sous le thème ‘’Fish4Acp’’), c’est tout naturellement que le Cameroun a soumis un projet de valorisation de la filière crevettière. Sur soixante-quinze projets de divers pays, douze ont été retenus, dont celui-là pour le Cameroun. Il va courir jusqu’en 2025, avec pour objectif de rendre performante, durable et compétitive la filière. Ce qui passe par le développement de la ‘’chaine de valeurs’’ : amélioration de la performance de chaque acteur et de chaque étape du processus (pêcheurs, transformateurs, laboratoires, marchés, législateurs, consommateurs, etc.). La crevette est le premier produit halieutique d’exportation du Cameroun.
La première année sera consacrée à l’analyse des chaines de valeur, avec, dans une démarche participative, un plan de mise à niveau des acteurs et d’amélioration de la compétitivité des entreprises. Une attention particulière sera accordée aux associations de femmes et aux jeunes. L’université de Douala, déjà fortement engagée dans les phases préliminaires, jouera un rôle central dans le travail de collecte et d’analyse, à travers son Institut des Sciences halieutiques (ISH), basé à Yabassi.
Pour fédérer toutes les parties prenantes autour d’une vision commune, un atelier a été organisé à Douala le 9 juin 2021 par la FAO (Organisation de l’Onu pour l’Alimentation et l’Agriculture), sous un mode combiné : présentiel avec des participants en salle, et virtuel pour une équipe FAO intervenant de Rome par visioconférence.

RECONQUÉRIR L’EUROPE
En plus de l’amélioration des ressources des acteurs et des recettes de l’État, il y a en ligne de mire le retour de la crevette camerounaise dans les plats des consommateurs européens. Suite à des réserves émises sur la qualité de la production et des conditions de transformation, le Cameroun avait suspendu en 2004 ses exportations de produits de pêche (notamment la crevette) vers l’Union européenne. Certes, de nouvelles niches se sont ouvertes, notamment en Asie (Chine, Malaisie, Singapour), avec une exportation de 400 tonnes en moyenne par an (pour des revenus d’environ 1,5 milliard de Fcfa, ce qui est modeste). Mais, l’Europe demeure le marché le plus proche et le plus attractif, qui pourrait faire doubler voire tripler cette performance, ainsi que le nombre des quelques 1.500 emplois actuels de la filière. L’exigence de qualité est toujours brandie : «Un carton jaune qui ne doit pas passer au rouge», comme l’a souligné avec humour M. Guy Irenée Mimbang, directeur de la Pêche et de l’Aquaculture au Minepia.

OBSTACLES À LEVER
Les participants, sous la coordination de Dr. Pierre Nolasque Meke, chef du projet Fish4Acp Cameroun, ont relevé les nombreux obstacles qui obstruent le chemin vers la qualité et la compétitivité de la crevette camerounaise : pêche illégale, conditions sanitaires médiocres (conservation, contrôle, certification), législation caduque, flotte obsolescente, immatriculation aléatoire des engins, formation insuffisante des intervenants, faible structuration des corps de métiers, étroitesse du marché, accès limité aux crédits et autres sources de financement.

VISION OPTIMISTE
Dans des démarches participatives en ateliers et plénières, des solutions ont été esquissées pour relever ces défis et redorer la crevette camerounaise partout sur la planète. Leur mise en commun permettra sans doute de donner corps à la vision adoptée, qui ne semble pas utopique, avec, entre autres visées : crevettes camerounaises en quantité et en qualité sur le marché local et international, labellisation du produit par un contrôle qualité rigoureux, nationalisation à 80% de la chaine de valeurs, promotion des produits à forte valeur ajoutée, production annuelle de 750 tonnes, accès au marché européen à l’horizon 2026, plateforme d’échanges entre tous les intervenants de la filière.
C’est dire l’immensité de la tâche qui attend le groupe de travail qui sera mis sur pied après validation des résultats de la phase d’analyse du projet. 2025, première échéance de Fish4Acp, n’est plus si loin ; on devrait expérimenter clairement cette chaine de valeurs de la crevette camerounaise durable, performante, et compétitive.

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