Préparation africaine à la CITES CoP20 : Casablanca accueille une concertation stratégique sous l’égide de la COMHAFAT
Share

Du 11 au 12 septembre 2025, la capitale économique du Royaume du Maroc accueille la réunion préparatoire africaine à la 20ᵉ Conférence des Parties à la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Organisée sous l’impulsion de la COMHAFAT, avec le soutien de l’OFCF (Fondation japonaise pour la coopération halieutique internationale), cette rencontre réunit les points focaux CITES, des hauts responsables ministériels et des experts sectoriels issus des 22 États membres.
Présidée par le représentant du Ministre guinéen de la Pêche et de l’Économie maritime, M. Fasso THEA, président en exercice de la COMHAFAT, la réunion s’inscrit dans une démarche de coordination technique et politique visant à consolider une position africaine commune, en amont des négociations internationales prévues en Ouzbékistan.
Aligner les stratégies halieutiques africaines dans un contexte international de plus en plus contraint
Dans un contexte où la gouvernance du commerce des espèces menacées devient un levier croissant de régulation environnementale globale, la participation coordonnée des pays africains à la CoP20 est cruciale. De nombreuses espèces marines exploitées commercialement par les États africains côtiers font désormais l’objet de propositions d’amendements ou de nouvelles inscriptions à l’annexe II de la CITES.
Pour les pays membres de la COMHAFAT, cela pose un double enjeu : préserver la biodiversité marine, tout en défendant les chaînes de valeur halieutiques nationales, souvent vitales pour l’emploi, la sécurité alimentaire et les recettes d’exportation.
« Il est impératif que les décisions adoptées au sein de la CITES reposent sur des bases scientifiques solides et tiennent compte des spécificités écologiques et socioéconomiques africaines », a rappelé le représentant du président de la COMHAFAT lors de la séance inaugurale.
Renforcer la voix africaine au sein des mécanismes multilatéraux
Le Maroc, par la voix de son représentant officiel, a salué la mobilisation régionale et réaffirmé son engagement pour une gouvernance halieutique durable et souveraine, en cohérence avec les engagements du Royaume sur la scène internationale.
L’intervenant a souligné l’importance stratégique de la COMHAFAT en tant que plateforme de dialogue intergouvernemental et d’influence collective sur les règles de commerce international affectant les ressources aquatiques vivantes.
« La CITES ne doit pas devenir un instrument de marginalisation commerciale pour les pays du Sud. Il est de notre responsabilité collective de porter un message africain crédible, cohérent, fondé sur les données scientifiques et sur une connaissance fine des réalités de nos écosystèmes et économies locales. »
Capacitation, diplomatie scientifique et souveraineté économique
La réunion s’inscrit dans la dynamique du nouveau Plan stratégique 2025-2027 de la COMHAFAT, axé sur le renforcement des capacités africaines en matière de négociation internationale, d’évaluation scientifique et de coordination technique régionale. Elle permet également de discuter des contraintes structurelles auxquelles sont confrontés les pays membres : faiblesse des systèmes de données halieutiques, vulnérabilité climatique, barrières non tarifaires, et manque d’accès aux mécanismes de financement durable.
L’un des messages clés ressortant des discussions est la nécessité d’une diplomatie environnementale proactive, appuyée par une expertise scientifique renforcée, pour éviter que les décisions prises à la CITES n’entraînent des effets économiques asymétriques sur les pays africains.
Objectif : une position commune, crédible et opérationnelle pour la CoP20
Les travaux, qui se poursuivront jusqu’au 12 septembre, visent à finaliser les propositions conjointes des pays africains sur les espèces concernées, à travers des ateliers techniques, des concertations bilatérales et la validation d’une feuille de route commune.
Les participants ont réaffirmé leur volonté d’aller vers une gouvernance africaine unifiée, capable d’intervenir avec poids et pertinence au sein des forums internationaux.
« L’Afrique ne peut plus se permettre d’être un acteur périphérique dans les processus de régulation environnementale mondiale. La CoP20 est une échéance déterminante pour faire entendre une voix africaine experte, structurée et tournée vers une durabilité fondée sur la souveraineté », a conclu le Président de la COMHAFAT.
Léonce Aissoun