À Bizerte, la Méditerranée cherche son souffle au Forum mondial de la Mer
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Bizerte, 12 septembre 2025 – Entre ciel et mer, la vieille cité portuaire de Bizerte accueille pendant deux jours la 8ᵉ édition du Forum mondial de la Mer. Sous le slogan « De Nice à Bizerte : comment va la Méditerranée ? », l’événement veut être plus qu’une rencontre internationale : un cri d’alarme et un appel à l’action face aux défis qui menacent l’avenir de la grande bleue.
Dans les salles de conférence comme sur le quai du port, une atmosphère d’urgence se mêle à l’espoir. Politiques, scientifiques, ONG, institutions internationales et acteurs de la société civile se côtoient pour débattre des grands enjeux maritimes : la pollution plastique qui étouffe les fonds marins, les effets visibles du réchauffement climatique sur les côtes, la pêche illégale qui fragilise les communautés locales, ou encore la gouvernance d’une mer partagée par une vingtaine de pays aux intérêts parfois divergents.
« La Méditerranée est un laboratoire du climat et un miroir de nos responsabilités collectives », rappelle un expert invité. Le forum se veut le prolongement de la récente Conférence des Nations Unies sur l’Océan, tenue en juin à Nice, mais avec une volonté de passer des grandes déclarations aux engagements concrets.
Pour la Tunisie, et particulièrement pour Bizerte, l’événement est une vitrine internationale. Ville historique, stratégique et vulnérable, Bizerte illustre les défis méditerranéens : érosion du littoral, pollution des eaux, mais aussi potentiel d’une économie bleue durable à travers le tourisme, l’aquaculture et les énergies marines.
Au-delà des discours, plusieurs initiatives sont mises en avant : la préservation des herbiers marins de posidonie, véritables « poumons verts » de la Méditerranée, la mise en place d’outils de suivi scientifique comme le Baromètre Starfish, ou encore la mobilisation des jeunes et des collectivités locales pour une gouvernance plus inclusive.
Dans ce cadre, la déclaration de M. Mahmoud Ilyes Hamza, Directeur du SPA/RAC, prend tout son sens. Il a souligné que :
- Les aires marines protégées (AMP) sont des outils essentiels pour préserver la biodiversité marine, garantir la durabilité des ressources halieutiques et renforcer la résilience face au changement climatique.
- Cependant, il existe une différence importante dans les moyens de gestion entre le Nord et le Sud de la Méditerranée : les pays du Nord disposent de ressources financières, techniques et institutionnelles beaucoup plus solides, tandis que les pays du Sud souffrent d’un manque de capacités et de moyens pour assurer une gestion efficace de leurs AMP.

Cette remarque illustre le besoin urgent de transformer le Forum mondial de la mer en une véritable plateforme de coopération équitable, où les pays du Sud puissent bénéficier de soutien technique et financier pour combler ce fossé.
Mais le véritable enjeu du forum reste la capacité à transformer ces propositions en actions. « Nous n’avons plus le luxe d’attendre », lance le président de l’association tunisienne pour une pêche durable, appelant à des financements durables et à une responsabilisation partagée des États riverains.
À Bizerte, la mer est partout : dans le regard des pêcheurs, dans les souvenirs d’histoire et de migrations, dans l’avenir des générations futures. En accueillant ce forum, la ville espère inscrire son nom dans le mouvement mondial pour sauver la Méditerranée. Une mer qui, plus que jamais, cherche son souffle.
Naoufel Haddad